Chapitre 10 - Suicide avorté

Publié le par Missano

En décembre, je m'étais complètement relâchée. Je prenais les cours de façon automatique, machinalement, je n'écoutais pas vraiment. Je réfléchissais à ma sortie de la prépa, à ma future vie à la Fac. Je me demandais aussi ce qu'allaient devenir les autres élèves. J'ai espéré que le conditionnement ne les changent pas trop. Bref, pendant les cours, je laissais mon esprit vagabonder.

C'est alors que je me suis sentie de moins en moins bien.

Depuis que j'avais pris mentalement la décision d'arrêter la prépa, une angoisse m'avait envahie progressivement. J'ai essayé de comprendre d'où venait cette sensation étrange. Mais, non, je ne voyais pas.

Ce qu'il se passait en réalité, c'était que je m'étais mise à rêvasser régulièrement, et quand on rêvasse, c'est un peu comme si on est en auto-hypnose. Dans cet état second, de conscience altérée, cet état qui ouvre les portes de l'imaginaire, sans que je ne m'en rende compte, les phrases prononcées quotidiennement par mes chers professeurs étaient en train de faire du dégât. Elles entraient plus facilement dans mon subconscient, elles s'y installaient, elles devenaient mes pensées.

Toutes ces phrases que je trouvais complètement absurdes, que j'avais fini par ignorer et par ne plus entendre, mon subconscient lui, était en train de les assimiler comme des vérités. Ces phrases induites, même si elle ne m'étaient pas personnellement adressées, m'empoisonnaient progressivement l'esprit:

  • Vous êtes nuls.

  • La fac est une usine à chômeurs.

  • La prépa est le seul moyen de réussir sa vie.

  • Celui qui quitte la prépa, rate sa vie.

Au bout de quelques jours de questionnement intérieur à chercher la source des mes angoisses, je me suis regardée dans la glace et tout à coup, ça m'a paru évident :

  • Seuls les ratés quittent la prépa. Je suis une ratée. Oui. Quand on quitte la prépa, on rate sa vie.

Un raisonnement absurde s'est mis en place dans mon cerveau :

  • Ma vie sera forcément ratée. Seule la prépa m'aurais permis de réussir ma vie. Mais je ne peux pas rester. Alors que faire ? Qu'est-ce que je vais faire de ma vie ? Je suis nulle, je suis si nulle.

Alors je me suis mise à réfléchir en permanence. A chercher ce que j'allais faire. Je me sentais coincée, sans avenir. C'était absurde, mais il faut comprendre que j'étais dans un état second, en hypnose, et tout ce que je pensais me semblait cohérent.

  • Que vais-je faire de ma vie ? Moi qui suis si nulle, si nulle... Qu'est-ce que quelqu'un d'aussi nul que moi peut faire de sa vie ?

Je me posais la question jour et nuit. Je n'en dormais plus. Moi qui ai toujours des plans de secours en stock, là je n'avais rien. Mon esprit s'est mis à tourner en rond, à cogiter de façon permanente à la recherche d'une porte de sortie, d'une solution. J'étais de plus en plus fatiguée. Chaque fois que je retournais en cours, mon état s'aggravait car j'entendais à nouveau ces phrases dans un état d’auto-hypnose, ces phrases-poison.

Après quelques nuits sans dormir, j'ai commencé à sombrer progressivement dans un monde étrange entre rêve et réalité.

Sous l'effet de la fatigue, tout me paraissait fade, tout s'atténuait, les sons, le goût, le toucher. J'avais l'impression d'évoluer dans un décor de cinéma au milieu d'acteurs. Tout me paraissait faux, lointain, un peu comme dans un rêve. J'ai commencé à avoir des vertiges et des maux de tête. J'avais l'impression permanente d'être sur le point de m'évanouir mais je ne m'évanouissais pas. Tel un robot, j'avançais, j'étais en mode automatique.

Je n'étais pas en état d'apprendre, je tournais les pages de mes cours machinalement mais je ne retenais rien. Ça m'a confortée dans l'idée que j'étais bien nulle.

Après la troisième ou quatrième nuit sans dormir, j'ai commencé à avoir des hallucinations. Lorsque je regardais quelques secondes une surface plane, elle semblait se déformer, s'enrouler sur elle-même en spirale. Si j'avais été lucide, ça m'aurait alertée, mais là, sous hypnose, je voyais des spirales et je trouvais ça simplement joli.

Mon esprit tournait en boucle, à vide, à la recherche de ce que je devais faire. Mes vertiges et mes maux de tête augmentaient inexorablement. Je me suis mise à déprimer, des idées noires m'envahissaient. Elles me disaient que j'étais fatiguée et qu'il faudrait dormir, pourquoi pas un sommeil éternel. Oui, s'effondrer comme ça et dormir pour toujours. Ça avait l'air bien, je trouvais ça tentant. Je me sentais si fatiguée, une fatigue incroyable, mais je n'arrivais plus à dormir. J'ai fini par penser que le monde n'avait pas besoin de moi. Oui, me tuer... Bien sûr, pourquoi pas ? Si ma vie était vouée à l'échec, autant y mettre un terme.

Au lycée, mon comportement semblait habituel. J'avais toujours de bonnes notes. Je ne pouvais plus apprendre mais ce que j'avais appris, j'étais capable de le restituer. Personne ne remarquait rien, même Charlotte. Parfois elle me parlait, elle blaguait. Alors je rigolais, puis mon esprit s'envolait, cherchant quel était le meilleur moyen de mourir : pendaison, cachets, noyade. J'y pensais froidement, sans émotion. Alors Charlotte me trouvait simplement pensive. Sur le trajet du lycée, je me suis mise à marcher en équilibre en bordure de trottoir dans l'espoir qu'une voiture me fauche. Puis j'ai imaginé l'état du conducteur si ça se produisait vraiment. Non, il fallait que je me tue autrement, sans faire de mal à personne. J'avais compris que j'étais nulle, il fallait au moins que je réussisse mon suicide.

Lorsque je montais dans les étages du lycée, je jetais un coup d'œil par dessus la rambarde, et j'observais, de haut, l'escalier qui semblait bouger s'enroulant sur lui-même. J'avais l'impression qu'il m'attirait vers le bas. En réalité ce n'était pas l'escalier mais ma vie entière qui était en train de partir en vrille.

De jolies spirales se formaient partout où je posais le regard. La plus jolie, la plus spectaculaire, c'était celle que j'observais en regardant la cour carrée accoudée à la balustrade du premier étage du lycée. Elle était immense, on aurait dit que le monde entier pouvait s'enrouler en un point central de la cour. C'était vraiment magnifique. Et ces mouvements ondulatoires qu'elle pouvait prendre étaient vraiment de toute beauté. J'avais l'impression d'être une spectatrice privilégiée. Je savais que c'étaient des hallucinations et qu'il n'y avait que moi qui les voyais, mais au lieu de m'inquiéter je prenais ça comme un cadeau. Fascinantes, j'aurais pu les regarder pendant des heures. Elles me donnaient l'impression que la terre m'appelait. Dans mon délire, j'ai fini par y voir un message. C'était comme cela que je devais mourir, en sautant dans la spirale, je ne faisais que répondre à cet appel, l'appel de la terre, l'appel du sol. Un appel irrésistible, inutile de lutter.

Quand ma décision définitive fut prise, à savoir de me tuer en me jetant dans le vide. Quel soulagement ! J'étais enfin en paix. Mon esprit a cessé de tourner en rond, j'avais ma solution et j'ai enfin pu dormir.

Cette nuit-là, j'ai fait un rêve, un rêve étrange. J'assistais à mon propre enterrement. J'ai vu le cortège funéraire, et je me suis vue allongée, au fond du trou. De là, j'ai pu voir mes parents côte à côte, portant le deuil et jetant des fleurs sur moi. J'ai pu les voir et ils pleuraient. Ils pleuraient... Je ne les avais jamais vu pleurer. Ça m'a remuée. Pourquoi pleuraient-ils ? Je ne comprenais pas.

Quand je me suis réveillée, mes joues étaient humides. On aurait dit que j'avais pleuré toute la nuit. Je les ai essuyées et je me suis dit qu'il fallait que j'écrive une lettre à mes parents avant de me tuer. Ils pleuraient parce qu'ils ne comprenaient pas bien mon geste, il fallait que je leur explique. Mon geste n'était pas désespéré, c'était un sacrifice. Je le faisais pour le bien de l'humanité. Dans mon monde irréel, je voulais que mes parents soient fiers de cela et qu'ils ne se sentent pas coupables de ma mort.

Alors j'ai pris une feuille et j'ai commencé à écrire. Je voulais faire une magnifique lettre de suicide. Mes deux premières lettres n'étaient pas satisfaisantes, je les trouvais nulles.

J'ai alors entrepris d'écrire une troisième lettre. J'ai décidé d'y raconter ma courte vie. Je me suis revue à l'école primaire, au collège, au lycée... Mon objectif était de montrer que ce suicide était la conclusion logique de ma vie. C'est alors qu'un souvenir a surgi. Je me suis revue le jour des résultats du bac. J'étais heureuse, fière de moi. Avec Léa, on se prenait en photo. J'étais heureuse, il y a 6 mois! Ce souvenir a l'effet d'une claque. Comme le claquement de doigts d'un hypnotiseur qui dit :

  • A trois, vous vous réveillez, 1, 2, 3 , clac

Et je me suis réveillée d'un bond, j'ai failli en tomber de ma chaise. J'ai regardé mes lettres, dans un premier temps un peu hébétée, et ensuite complètement horrifiée. Cela faisait plusieurs jours que je ne pensais qu'à me supprimer et là, en une seconde, je me suis rendue compte que ce que je faisais n'avait aucun sens et que je ne voulais absolument pas mourir. J'ai aussitôt compris ce qu'il m'était arrivée :

  • Oh ! La vache ! Un lavage de cerveau !

J'étais sous le choc.

  • Incroyable ! J'étais heureuse il y a 6 mois ! Quatre mois de prépa ont suffi à me laver le cerveau et à me pousser au suicide ! Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? Quand est-ce que j'ai basculé dans ce cauchemar ?

Évidemment plus question de me tuer. J'ai déchiré les lettres, honteuse. Je me souvenais de tout ce que j'avais fait et pensé, mais c'était moi sans être moi. Le même moi qu'il y a dans les rêves et qui ne trouverait pas étrange de pouvoir voler dans les airs ou de parler chinois avec un éléphant rose.

J'ai pris un calendrier pour situer le point de bascule, j'ai fini par retrouver. J'avais été dans un état second sur une période de 6 à 10 jours. Je n'arrivais pas à situer ma décision de partir précisément dans le temps.

J'ai repensé à la fille qui s'était tuée quand j'étais en Première. D'un coup, ça m'a paru évident. J'ai pensé qu'il lui était très probablement arrivé la même chose. C'est fou, je l'avais oubliée cette fille et son existence se rappelait à moi seulement maintenant, maintenant que j'avais retrouvé toute ma lucidité.

J'ai immédiatement pensé à une chanson de Dépêche Mode, « Walking In My Shoes ». Les paroles de cette chanson, c'était comme si cette fille, dont je n'ai jamais su le nom, me parlait d’outre-tombe. Elle aurait pu dire quasiment chacune de ces phrases et sur le même ton. Littéralement « Essaie de marcher dans mes chaussures » veut dire « Essaie de te mettre à ma place ».

Quand j'étais en Première, j'avais essayé de deviner pourquoi elle s'était tuée, je m'étais mise à sa place, mais j'en avais quand même conclu à un suicide. Maintenant j'avais « marché dans les chaussures » de cette fille, j'avais trébuché sur ces pas, j'avais pris les mêmes rendez-vous, sauf le dernier, sauf celui avec la mort et j'étais presque sûre que ce geste n'était pas vraiment sa volonté. Non, à mes yeux, ce n'était plus un suicide. « Le destin avait fait d'elle un bouc-émissaire » et « ses intentions n'auraient pu être plus pures ». Cette chanson « Walking In My Shoes » prenait un sens tout nouveau pour moi.

Pendant plusieurs jours, je n'étais donc plus moi-même et si je ne m'étais pas réveillée que ce serait-il passé ? Serai-je allée jusqu'au bout ? J'étais tellement déterminée, je suis presque certaine que j'aurais sauté. Et me connaissant, je ne me serais pas loupée.

Je me suis imaginée me réveillant au milieu de ma chute, à cause de cet instinct de survie qui fait sortir de l'hypnose en cas de mort imminente. Je me suis imaginée crier, constatant que j'allais bientôt mourir. J'ai trouvé que c'était une mort particulièrement horrible.

J'ai repensé au jour de rentrée quand les professeurs affirmaient que les suicides étaient des fausses rumeurs. Je me suis dis que j'étais la preuve vivante du contraire mais une preuve bien légère. Je n'ai que ma parole, mon expérience et je sais bien que c'est insuffisant. L'argument de la faiblesse psychologique ne tient pas, la sensibilité à l'hypnose n'a rien à voir avec la faiblesse ou l'intelligence mais plutôt avec la créativité. Et je peux vous assurer que je n'ai jamais eu d'épisode dépressif ou d'idée suicidaire depuis.

(Bon, sinon je suis devenue ingénieur sans passer par la prépa, comme quoi c'est possible)

FIN

Comme ce témoignage revient de loin, je le poste sur un blog pour qu'il puisse servir à qui voudra le lire, et sait-on jamais, pour qu'il puisse faire bouger les choses. Pour être honnête dans un premier temps j'avais voulu oublier cela et vivre ma vie, me sentant impuissante. Mais quand j'ai lu "Un hiver à Paris" de Jean-Philippe Blondel, j'ai eu des sueurs froides en lisant la page 105* et ce souvenir a resurgi tel un diable sortant de sa boîte. Dans son livre tout pouvait être du roman, mais pas ce cri.

Ce qu'il m'est arrivé date de quelques années mais je sais que ça se produit encore de nos jours, les suicides n'étant que la partie la plus spectaculaire du problème. Je connais plusieurs personnes qui, brisées par leur année de prépa, ont mis du temps à refaire surface. Elles n'avaient aucun problème juste avant cette année-là. Celle qui s'en est sortie le mieux et le plus rapidement a pu bénéficier des conseils que je mets dans dans cette fiche (c'est vraiment le fruit de mon expérience)

*page 76 pour l'édition de poche 

Lien vers la définition d'une classe "Prépa-poison"

Lien vers les effets d'une privation totale de sommeil

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Mots-clefs : CPGE, classes préparatoires, suicide, dépression, déprime, prépa. Blog qui essaie de lever le voile sur un sujet tabou : le suicide et la dépression dans les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE). Le but de ce blog est aussi de donner des conseils pour éviter ce genre de situation. classes preparatoires, suicide, depression, deprime, stress, prepa

Publié dans témoignage

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O
Je vous remercie pour ce témoignage et vous félicite pour sa qualité littéraire !<br /> Je suis maman d'un jeune homme de 20 ans qui vient de faire un gros burn out à 3 semaines des concours.<br /> Grâce à vous, j'ai mieux compris comment on en est arrivé là (en particulier, pourquoi il n'en a pas parlé, pourquoi nous parents n'avons vu rien venir...), et comment contrer ce conditionnement délétère.<br /> Je vous souhaite un avenir radieux en lien avec votre lucidité et votre sensibilité juste et humaine.
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A
Bonjour, <br /> Merci pour ce témoignage. Je l'ai lu avant ma rentrée en MPSI et je l'ai gardé en tête pendant cette année qui a été chaotique pour moi. J'ai un profil similaire au vôtre et je souffre de troubles psychiques diagnostiqués par un professionnel, notamment la dépression et l'anxiété sociale. Je crois avoir vécu ce que vous avez cité dans votre témoignage, à savoir le conditionnement de la prépa. Mes professeurs ont été beaucoup plus subtils, ils ne disaient jamais que la fac est une usine à chômeurs ou autre, mais il y avait un professeur assez toxique et envahissant qui nous infantilisait et nous cassait sans cesse. J'étais aussi étonnée à quel point les enseignements étaient utilitaires, tout était orienté vers les concours avec les discours du style "ah vous n'avez pas besoin de ça le jour de concours" (oui mais je m'en fous, et si j'ai envie de le savoir ?) Sans détailler, vers mai j'étais dans un état psychologique déplorable, et j'ai pris la décision de partir, car je n'étais clairement pas adaptée à la prépa. Quand j'ai annoncé mon choix d'orientation, c'était la joie x) Comme j'étais classée 2e au second semestre, on ne comprenait pas mon choix, et plusieurs professeurs m'ont écrit un mail pour me vanter la MP et les débouchés (alors que je voulais être chercheuse en maths, et la prépa n'est clairement pas une formation adaptée à la recherche vu à quel point ça tue l'esprit d'initiative, à part si on est dans une bonne prépa et que l'on vise l'ENS). En fait pour eux c'était inconcevable que je veuille partir pour x raisons, notamment pour des raisons de santé (que je leur ai clairement expliqué pourtant, sans entrer dans les détails !) et une volonté de réaliser d'autres projets comme écrire des livres à côté des études mathématiques. Pour eux, c'était inconcevable que la fac est une formation au même niveau que la prépa et non un refuge pour les nuls. Outre les affirmations tendancieuses que je pourrais citer, je crois que la CPGE est une formation qui n'est pas adaptée aux personnes créatives et plus sensibles que la moyenne. Quand on ressent un malaise en allant en classe, ou que l'on a la rage à chaque fois que le professeur distribue les copies, il ne faut pas tenter le diable en prépa !
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A
Bonjour,<br /> Je vous remercie pour votre temoignage. Je suis en Hypokhâgne et même si les professeurs sont bien plus subtils dans leurs remarques, le conditionnement se fait néanmoins et cela lui offre peut-être même une forme si insidieuse que je ne me serais sans doute pas rendu compte à quel point ma prepa a pu m'être toxique s'il n'y avait pas eu le confinement (comme quoi, le Coronavirus a transformé le monde de multiples facons...)<br /> Ce témoignage est très touchant. Je n'arrivais pas à me convaincre que partir était le bon choix, j'avais l'impression de prendre la route facile, d'être faible, de rater ma vie. D'autant que j'ai l'impression d'etre la seule à ressentir tout cela. Grâce à vous je peux partir à la fac sereine. Ce sera sans doute dur, mais c'est le bon choix. <br /> J'espère que ce temoignage pourra sauver encore d'autres personnes.<br /> <br /> Merci encore. Vraiment.
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A
Bonjour,<br /> <br /> Ton témoignage m'a vraiment fait du bien. Je suis moi aussi en première année de prépa (lettres) et c'est la même chose avec les profs qui sous-entendent sans cesse que la fac est le repère des glandus etc, et sont tellement tournés vers l'ENS que je me sens coupable de partir à la fin de cette année. J'ai pourtant trouvé mon orientation en fac, et j'ai même eu une "révélation" du métier que je veux faire. Pourtant mes camarades sont étonnés que je parte à cause de la pression (je pleure beaucoup, ne suis pas heureuse alors qu'avant j'étais la meilleure de ma classe, là je ne suis classée que 20ème sur 40 et je me trouve nulle). C'est comme si j'étais la seule à souffrir de ça, les autres sont détachés, sortent etc, ce qui m'amène à penser que je suis la seule faible ; mes amis qui au début de l'année étaient décidés à ne pas continués sont maintenant de fervents défenseurs de la prépa et sont impatients d'entrer en deuxième année. Mais non, moi je me barre, je n'en peux plus. <br /> J'ai connu une phase de dépression, mon trouble alimentaire (qui me suis déjà depuis 4 ans maintenant...) n'aidant pas. Mais grâce à ton témoignage, je me sens moins seule !!! Ça me donne de l'espoir. J'ai envie d'écrire un livre sur ce que j'ai vécu, qui sait, cela évitera peut-être le malheur de certain(e)s. <br /> En tout cas tout cela montre bien le manque de soutien psychologique de la part de l'équipe pédagogique du lycée...<br /> <br /> Bonne continuation et merci ❤
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E
Coucou, je viens de tomber sur cet article.Je cherchais des témoignages et j'aimerais que tu me donnes ton point de vue si possible.Je passe en PSI * pour cette année scolaire et les cours reprennent lundi. Je suis dans un état assez différent du tien, j'aime sortir,m'aérer et j'y arrive.J'ai cependant l'impression d'être nulle ou bien que je vais me foirer (alors que jusque là je n'ai pas eu à me plaindre). J'ai un copain (rencontré dans la prépa) qui me soutient mais qui travaille énormément plus que moi ( il est un petit peu meilleur mais je pense que cela réside dans un meilleur apprentissage). Et je culpabilise parce que (comme ce soir) je veille, ne me repose pas parceque je me dis que la nuit c'est le seul moment où je peux avoir ma vie, regarder des séries, sortir en boîte (rarement quand même) ou juste réfléchir.<br /> J'aime écrire, j'ai même commencé un projet de livre mais à chaque fois que je me dis "je pourrais écrire", je me dis "nan, après la prépa,comme ça tu écriras plus régulièrement et la différence entre le début et la fin d'écriture ne se fera pas ressentir".<br /> Pour finir je suis devenue hyper fragile, je pleure facilement et la seule personne qui me motive à rester joyeuse c'est mon copain. Rien qu'en écrivant cette ligne j'ai les larmes aux yeux tiens.<br /> Et pourtant je sais que je peux le faire, tout en restant joyeuse, moi-même (dans ma prépa il y a peu d'humiliations, seulement certains profs de khôlles qu'on ne voit donc pas souvent, et du jugement parfois). Je n'arrive juste pas à trouver le juste milieu entre trop de travail et pas de travail et j'oscille entre ces deux stades, plus le manque de sommeil (j'ai du mal à m'endormir aussi) alors ça donne un sentiment de dépression mais pas au point où tu en es. J'aimerai juste savoir quand est ce que je sentirai le point de non retour si j'y suis confrontée.<br /> Je crois cependant que le pire de tout, c'est de se dire que personne ne peut nous aider parce que personne de ma famille ne l'a vécu (et j'ai peur d'en parler à mon copain qui lui travaille beaucoup plus) alors j'essaie de poser une question sur un blog en espérant qu'on me réponde. <br /> <br /> Merci d'avoir lu en tout cas
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M
Le point de non retour, je ne sais pas si on le voit arriver (mais le fait que tu t'en inquiètes indique peut-être que tu as déjà un peu tiré sur la corde auparavant). Les signaux d'alarmes à prendre en compte viennent de ton corps et des inquiétudes de tes proches. Si une grosse fatigue ou une grosse anxiété s'installe sur plusieurs jours d'affilés et que tu ne sais vraiment pas à qui te confier, pense à en parler à un médecin par exemple. Je te souhaite bonne chance pour cette année.