Chapitre 4 - Première semaine

Publié le par Missano

C'était dense mais intéressant. La première semaine s'était très bien passée. Chaque soir, je travaillais les cours consciencieusement. Le niveau était à ma portée. Charlotte ayant un peu plus de difficultés, j'étais contente de lui expliquer certains concepts et de voir son visage s'illuminer quand elle avait compris.

Sans le savoir, je commettais ma première erreur en me faisant dispenser de sport, comme la majorité de la classe. Le sport, c'était le seul cours du samedi matin de 8h à 10h. Je me disais que je serais mieux dans mon lit, mais j'avais tort. Le sport, c'est bon pour le moral, mais à ce moment je le voyais juste comme une perte de temps. J'aurais dû au moins adhérer à un club de mon choix à un autre créneau horaire, ç'aurait été la meilleure solution.

Pendant cette semaine, j'avais eu le temps d'étudier un peu les personnalités de ma classe. Celle-ci était composée de 30 élèves. Une moitié d'enfants de "bonne famille" et une moitié d'élèves issus des classes moyennes comme moi. Une moitié de filles et une moitié de garçons. C'était équilibré.

Si l'on veut plus rentrer dans le détail, je dirais qu'il y avait chez les élèves 3 grands types de caractère que je vais décrire volontairement de façon caricaturale :

Les snobs : d'origine bourgeoise ou voulant en être, ils avaient une obligation de réussite. Ils faisaient ce que leurs parents leur avaient dit de faire. Ils avaient les dents qui rayaient le parquet. Si tu n'avais pas des habits de marque, si tu n'avais pas un « notable » parmi tes parents , ils ne t'adressaient pas la parole.

Les cools : élèves de toutes origines sociales, ils avaient des connaissances artistiques ou avaient voyagé. Bref, ils avaient un domaine de compétence hors scolarité qui leur donnait une certaine aura et ils savaient souvent prendre la vie comme elle venait, avec philosophie.

Les studieux : élèves de toutes origines sociales souvent timides ou inquiets, ne connaissant pas trop la vie ailleurs et voulant bien faire. C'étaient les enfants sages pour qui il était important de bien travailler et de réussir de façon honnête. Bon, c'est plutôt là que je me situais avec Charlotte.

Il y avait aussi un individu à part, le génie de la classe, Henri, élève hors norme et solitaire qui assimilait facilement les concepts scientifiques les plus complexes mais qui semblait avoir une incapacité à comprendre une réaction humaine quelconque, ainsi que certains codes sociaux. La tristesse, la joie, l'amitié, la jalousie, la colère, tout ceci semblait pour lui une terre inconnue. Les mots « bonjour » ou « merci » semblaient être des mots vides de sens à ses yeux. Il vivait dans sa bulle, s'excluant lui-même de toute vie sociale. Il ne semblait pas souffrir de cette situation.

(Évidemment il y a plus de subtilité que ça dans la vie. Mais je crois néanmoins que ces descriptions sont assez proches de la réalité.)

Globalement si les élèves « cools » et les élèves « studieux » pouvaient facilement se mélanger, les « snobs» formaient leur groupe select. En ce qui concerne les élèves de ce dernier groupe, il était assez déconcertant de voir à quel point ils se détestaient entre eux tout en faisant semblant de s'apprécier. Pour eux, les êtres humains ne semblaient dignes d'intérêt que s'ils pouvaient servir à leur propre réussite.

Mais sinon, il y avait tout de même une émulation positive à se retrouver comme ça, entre bons élèves. Nous étions tous contents d'être là.

Quand le week-end est arrivé, j'ai retrouvé Léa à un café : on s'était prévu une sortie cinéma. Après la Terminale, Léa s'était inscrite en Faculté de Droit. Elle était encore en vacances.

  • Salut!

  • Eh! Angèle! Comment tu vas ? , me répondit Léa, radieuse

  • Très bien. J'angoissais un peu à cause de la rentrée, et finalement ça va.

  • C'est vrai ? J'avoue que j'étais un peu inquiète pour toi quand tu m'as dis que tu voulais aller là-bas.

  • Franchement, les profs n'ont pas l'air si durs. Je crois que je suis bien tombée. Et puis je me suis bien intégrée, il y a plein d'élèves vraiment sympas qui viennent d'un peu partout.

On avait bavassé, puis après le film, on s'était donné rendez-vous dans deux semaines.

Le week-end était passé en un éclair. J'avais pu prendre l'air et travailler mes cours en toute sérénité.

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